Messages d’anarchistes de Sardaigne en solidarité avec Yvan Colonna
Via Abolition Media, par Sardegna Anarchica
Solidarité et soutien à Yvan Colonna !
HONNEUR A YVAN COLONNA, OTAGE DE L’ETAT FRANÇAIS, MAINTENANT ENTRE LA VIE ET LA MORT. SOLIDARITÉ AVEC LA CORSE ET CELLEUX QUI LUTTENT POUR L’AUTO-DÉTERMINATION DE LEUR TERRITOIRE
Yvan Colonna est un militant indépendantiste corse, prisonnier et déporté, condamné à la réclusion criminelle à perpétuité parce qu’il est accusé d’être l’auteur de l’assassinat du préfet Claude Érignac le 6 février 1998 à Aiacciu.
Malheureusement, nous avons appris avec amertume que le 2 mars 2022, Yvan a été transporté d’urgence à l’hôpital et se trouve actuellement dans le coma, se battant entre la vie et la mort, après avoir subi une violente agression à la prison d’Arles où il est détenu. Pour nous, ce sont des heures d’angoisse et d’espoir pour sa vie.
Les médias d’État français et la direction de la prison d’Arles parlent d’une dispute avec un détenu islamiste sur des questions religieuses alors qu’ils étaient dans le gymnase, mais la plupart n’ont pas été en mesure d’accepter ce récit, compte tenu du régime DPS (Détenu Particulièrement Surveillé) auquel Yvan est soumis.
Immédiatement, la colère du peuple corse se répandit dans les rues d’Aiacciu, Bastìa, Corti, Sartè, Portivechju. Organisations indépendantistes, syndicats portuaires, universitaires et lycéen-nes, villageois-es, se regroupent aussitôt devant les préfectures coloniales pour manifester leur soutien à Yvan et sa famille, criant que l’État français avec sa politique de répression, de déportation et de vengeance en est le seul responsable.
Appel immédiat à une manifestation nationale corse le dimanche 6 mars à Corti, au cœur de la Corse.
La forte détermination des dockers a également empêché le ferry Corsica Ferries en provenance de Toulon d’accoster à Aiacciu en fin de matinée du vendredi 4 mars, un ferry sur lequel se trouvaient des centaines de CRS dépêchés par la Direction Centrale des CRS en vue de la manifestation du dimanche. Une quarantaine de dockers se sont opposé-es physiquement aux manœuvres d’accostage en se heurtant au vaisseau, cagoule sur le visage à bord de certains canots et en lui lançant des fusées éclairantes ; la même situation s’est répétée dans le port de Bastìa.
La manifestation du 6 mars à Corti a rassemblé plus de 20 000 personnes, pratiquement un exode si l’on considère que l’île entière compte environ 300 000 habitant-es, jeunes et moins jeunes se sont battu-es pendant plus de trois heures, jusqu’à attaquer la préfecture de la ville . Les images qui nous sont parvenues de cette journée de lutte ont été un coup au cœur, où l’immense foule s’est ouverte et a fièrement applaudi les plus déterminé-es qui couraient vers les lignes de front avec des cocktails Molotov à la main.
En ce moment, nos pensées se tournent vers une île sœur, vers son peuple fier, vers son histoire, car nous savons ce que signifie être relégué au rôle de colonie. Car de maître à dirigeant, d’occupant à colonialiste, d’arrogance à manipulation, la route de notre esclavage est aussi pavée. Ils nous ont dit qu’en plus d’être Phénicien-nes, Romain-nes, Pisan-es, Génois-es, Byzantin-es, nous étions aussi Aragonais-es, Piémontais-es, Italien-nes. Ils ont violé nos forêts, divisé et volé nos terres, exploité nos mines, imposé de nouvelles lois, d’autres langues, du sang à verser dans des guerres qui ne sont pas les nôtres, une économie capitaliste, des montagnes de déchets d’une économie de consommation, de la drogue et de la prostitution, des modèles extraterrestres à notre culture, un état-providence en dégradation, une servitude militaire, des flics, des tribunaux et prisons, des écoles de manipulation identitaire, dé-valeurs comme logo de la modernité.
Contrainte physique, omission et déformation de l’histoire, le désir de construire à partir de rien de nouveaux sujets et avec eux un nouveau peuple fonctionnel pour la puissance coloniale italienne. Un peuple qui intériorise des messages clairs et subliminaux visant à asservir son âme. Jamais dans l’histoire il n’y a eu d’attaque plus complexe et plus incisive contre notre nation. Le projet des puissants consortiums internationaux, visant à construire un marché unique pour le système mondial du capital d’État d’où tirer des bénéfices toujours plus importants à moindre coût, est clairement d’effacer de la surface de la terre les particularités ethniques et culturelles, qui représentent une immense richesse et l’histoire même de l’humanité, pour faire place à un métissage sans âme ni racines, guidé dans ses besoins et ses désirs par les prêtres de la manipulation. Les peuples les plus faibles sont les premiers à succomber. La Sardaigne, en raison de son statut de colonie, avec tout ce que cela implique, risque de disparaître en tant que nation, tout comme la Corse et de nombreux autres territoires, c’est pourquoi cette douleur et ces jours sont aussi nos jours.
Bien que les épigones Torquemada de l’État italien et de l’État français fassent tout ce qu’ils peuvent pour nous en empêcher, ils n’arrêteront pas notre chemin vers la libération !
Toute notre solidarité et notre soutien à Yvan Colonna, à sa famille et à tous ceux qui se battent ces jours-ci.
Quelques anarchistes sardes